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Le management horizontal a-t-il tué l’efficacité ?

  • Photo du rédacteur: Issossinam Rachid Agbandou
    Issossinam Rachid Agbandou
  • 11 juil.
  • 5 min de lecture
management horizontal

Le management horizontal promettait de libérer les entreprises de leurs lourdeurs bureaucratiques. Autonomie en plus, hiérarchies plates, circuits décisionnels courts... Le rêve d’une organisation plus agile et plus humaine. Mais dix ans après l’engouement pour ces modèles “libérés” ✨, le bilan de terrain est plus contrasté. Certaines entreprises affichent des succès remarquables, tandis que d’autres peinent à maintenir cohésion, efficacité et clarté stratégique 📉.


➡️ Cet article propose un regard lucide, loin des effets de mode, pour analyser les forces et failles du management horizontal tel qu'il est réellement vécu dans les organisations.

D’où vient le mythe du management horizontal ?


Origines théoriques culturelles du management horizontal 


Le management horizontal s’appuie sur plusieurs influences théoriques 📚 :

  • Henri Mintzberg, qui prônait la décentralisation des décisions,

  • Frédéric Laloux (Reinventing Organizations), qui défend la gouvernance partagée,

  • Holacratie, méthode structurelle visant à distribuer les rôles et responsabilités.

À ces racines s’ajoute la culture startup : dans la Silicon Valley des années 2010, les jeunes entreprises prônent des structures plates, synonymes d’agilité et de rapidité d’exécution.


Enfin, ce modèle repose sur un rejet idéologique du management pyramidal, perçu comme rigide, obsolète et source de désengagement. L’horizontalité se fait vite percevoire comme la voie vers plus de sens, de responsabilisation et d’innovation collective 🧠.

innovation collective - management horizontal

Les promesses vendues

Le discours du management horizontal véhicule trois grandes promesses séduisantes :

✔️ Autonomie et responsabilisation des collaborateurs : chacun sera acteur et décisionnaire dans son périmètre. 

✔️ Innovation plus rapide, grâce à des circuits décisionnels courts, débarrassés des lourdeurs hiérarchiques. 

✔️ Bien-être au travail renforcé, grâce à la disparition des “petits chefs” autoritaires et à une égalité statutaire plus marquée.

Dans les discours RH comme dans les manuels de management contemporain, ces valeurs sont largement relayées.


Terrain - l’horizontalité qui produit des résultats concrets


Des succès réels mais souvent contextuels

Contrairement aux caricatures, le management horizontal ne produit pas que des échecs. Certaines entreprises ont su en tirer des résultats probants, mais dans des contextes bien précis.

Exemples concrets : Gore-Tex, entreprise américaine célèbre pour son innovation permanente, fonctionne sur une organisation en réseaux, sans managers intermédiaires.


Valve, éditeur de jeux vidéo (Half-Life, Steam), privilégie l’auto-organisation des équipes projets.


Chronoflex, PME française de maintenance hydraulique, a mis en place une organisation libérée avec un retour positif des collaborateurs.


Certaines startups tech💻, notamment dans les secteurs du SaaS ou du design numérique, optent pour des structures plates favorisant la réactivité.

Ces succès partagent plusieurs facteurs clés 🔑 :

  • Taille humaine maîtrisée (PME, scale-ups) : l’horizontalité devient ingérable au-delà d’une certaine taille 👥.

  • Culture d’entreprise forte et partagée, fondée sur la confiance et la transparence 🤝.

  • Outils de coordination performants : Slack, Notion, Asana, Trello permettent une synchronisation fluide sans hiérarchie rigide.

entreprises gagnent en management horizontal

Ce que ces entreprises gagnent réellement

Lorsqu’elle est bien implantée, l’horizontalité permet plusieurs gains opérationnels concrets :

✔️ Réactivité face aux évolutions du marché : les décisions se prennent au plus près du terrain. 

✔️ Engagement des collaborateurs renforcé, car chacun comprend son rôle et son impact réel. 

✔️ Processus d’innovation plus fluides, moins freinés par des validations hiérarchiques successives. 

✔️ Réduction des niveaux bureaucratiques, avec des équipes plus responsabilisées et moins d’intermédiaires inutiles.


Ces bénéfices restent néanmoins contextuels : ils apparaissent surtout dans des environnements où la créativité, l’adaptabilité et la vitesse sont des leviers stratégiques majeurs.


Mais sur le terrain, des limites souvent sous-estimées


L’absence de hiérarchie claire peut freiner les décisions


Le rêve d’une organisation sans chefs dissimule parfois des zones d’inefficacité majeures. Sans cadre décisionnel clair, certaines équipes s’enlisent dans des discussions interminables. Les décisions stratégiques, faute de leadership assumé, stagnent ou se diluent.

Plusieurs écueils sont fréquemment observés sur le terrain :

  • Flou sur les responsabilités : personne ne sait exactement “qui tranche” dans les moments critiques.

  • Risque du “ce n’est pas mon rôle”, qui freine l’action dans les situations urgentes.

  • Objectifs stratégiques dilués dans des échanges horizontaux où le consensus l’emporte souvent sur la clarté.


Ce flou organisationnel peut freiner les entreprises dans les contextes nécessitant réactivité en plus d’une vision long terme.


La charge mentale démesurée des collaborateurs

charge mentale démesurée des collaborateurs

L’horizontalité repose sur un mythe : plus d’autonomie signifierait moins de stress. Mais dans les faits, c’est souvent l’inverse. Sans hiérarchie pour orienter ou trancher, les collaborateurs assument seuls la charge cognitive de la décision permanente 🛠️. Les résultats qui s’observent sont entre autres la difficulté à prioriser les tâches, faute de cap collectif lisible; les fatigues décisionnelles (ou décision fatigue) qui mine l’énergie et la motivation quotidienne et pire, le stress lié à l’absence de reconnaissance hiérarchique formelle. Une telle surcharge cognitive touche particulièrement les profils juniors ou moins expérimentés, qui peinent à s’auto-organiser sans guide.


Des tensions invisibles et du pouvoir caché


Enfin, même sans organigramme pyramidal, le pouvoir ne disparaît jamais. Il change simplement de forme. Dans de nombreuses organisations horizontales, on observe l’émergence de leaderships informels : Des collaborateurs 👥charismatiques influencent les décisions sans mandat officiel. Des clans internes se forment, contournant les circuits de décision. Des inégalités invisibles apparaissent, masquées sous un vernis d’égalité affichée.

Ces jeux de pouvoir silencieux, plus difficiles à identifier, peuvent générer autant de frustrations que dans une organisation hiérarchique classique.


Management horizontal : pour qui, quand, comment ?

management horizontal et innovants, projet tech

Tous les métiers ne s’y prêtent pas

L’efficacité de l’horizontalité dépend fortement du type d’activité.

Métiers créatifs, innovants, projet tech : l’organisation horizontale favorise l’agilité et la co-création (R&D, design, startups digitales).

🔧 Métiers opérationnels, industriels, logistiques : une hiérarchie fonctionnelle est nécessaire pour garantir efficacité et sécurité des process.

La croyance selon laquelle l’horizontalité conviendrait à tous est donc une simplification excessive.

Un dosage pragmatique plutôt qu’un modèle pur

Les entreprises les plus efficaces privilégient l’hybridation intelligente : des espaces horizontaux de co-construction et d’innovation, et une hiérarchie claire pour piloter l’opérationnel, fixer le cap stratégique et assumer les arbitrages. Le manager, dans ce modèle, devient facilitateur plutôt que chef autoritaire. Il structure et oriente subtilement sans brider.

Exemples de ces modèles hybrides: 

🎵 Spotify, avec son organisation en tribes, squads et chapters, propose autonomie d’équipe et vision stratégique commune. 

🏭 PME industrielles libérées, où la production reste structurée mais où les décisions d’amélioration continue sont largement partagées.

Ce pragmatisme organisationnel permet de passer d’une posture à l’autre selon les situations sans dogmatisme.


Le management horizontal n’est ni une panacée, ni un échec total 🟰. Sur le terrain, il permet des gains réels d’agilité, d’engagement et d’innovation dans des contextes bien définis 🎯. Mais il montre rapidement ses limites sans clarté des rôles, sans leadership assumé, et sans structure de décision lisible. L’avenir semble se situer dans des modèles hybrides, capables de passer intelligemment de l’horizontalité (pour co-construire et innover) à la verticalité (pour piloter et trancher), selon les enjeux. Les entreprises qui réussiront seront celles qui sauront articuler ces deux dimensions sans tomber dans le dogme ni dans la confusion.


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