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Qu’est-ce que le métier de photographe culinaire ? Interview de Victor Bellot


Photographe Culinaire
© Victor Bellot

Le métier de photographe culinaire, souvent occulté par les paillettes du monde de la photographie de mode ou de portrait, demeure assez méconnu du grand public. Par ailleurs, il est fréquemment confondu avec la pratique amateur et passionnée du blogueur "food". Cet amalgame, bien que compréhensible en surface, est assez trompeur et ne rend pas justice à l'expertise et au savoir-faire requis dans ce domaine spécialisé de la photographie.Nous avons interviewé Victor Bellot, photographe culinaire professionnel, qui nous a aidé à décrypter les spécificités de ce métier singulier.


Nous avons cru comprendre qu’il existait plusieurs familles de photographes, peux-tu nous expliquer les différences ?


C’est une très bonne remarque, souvent les personnes que je rencontre n’ont pas idée qu’un photographe se spécialise toujours dans un domaine. On a l’image du photographe culinaire qui travaille pour un grand chef et qui le lendemain réalise un shooting mode pour la couverture d’un magazine, mais ces exemples sont vraiment des cas très particuliers.


La plupart du temps les photographes ont des sujets de prédilection. Si je devais catégoriser, il y aurait trois familles de photographes. Les portraitistes qui vont figer une personnalité et souvent modeler les ambiances et la lumière en studio, pour la mode, les entreprises, les particuliers. Les photographes de reportages, qui vont travailler en extérieur et qui vont saisir des situations dans l’action, dans le sport, la presse ou pour des mariages. Et les photographes de nature morte, qui vont modeler la lumière et l’ambiance visuelle, pour des plats, des objets, des bâtiments.


Photographie culinaire en studio
© Victor Bellot


Donc toi tu te mettrais dans la catégorie des photographes de nature morte?


Oui, car la photographie culinaire représente la majeure partie de mon travail et que c’est ce qui me passionne le plus. Mais je fais aussi beaucoup de reportages et quelques portraits de temps en temps. Ayant longtemps voulu être cuisinier, j’arrive à comprendre ce que les chefs ont envie de transmettre.


Et imaginez, en tant que photographe culinaire à Paris, on découvre les coulisses de restaurants d’exception ; à la veille de chaque shooting, j’ai l’impression d’être un enfant avant Noël.





Comment s’organisent ces shootings culinaires ?


C’est un processus plus long qu’il n’y paraît, il faut d’abord faire des recherches pour découvrir la manière dont s’organise la communication de la personne pour qui on va travailler, il faut comprendre son histoire et les enjeux de ce qu’on va prendre en photo.


Dans la photographie culinaire, saisir la personnalité du chef et son style de cuisine est primordial pour apporter les idées adéquates. Lorsque je décortique le site internet, les réseaux sociaux, les articles et les interviews de ce créateur, je comprends la manière dont il organise la promotion de ses idées. Avec ces informations, je pourrais soit proposer quelque chose d’original, de plus adapté ou au contraire travailler dans la continuité de ce qui a déjà été fait.


Après ce défrichage, un dialogue avec le chef va permettre de choisir ce qui va être fait. Ces discussions sont capitales puisqu’elles vont confirmer ou infirmer mes intuitions. Comprendre ce à quoi vont servir les photographies permettra aussi d’organiser le shooting au plus juste en définissant des cadrages, des mises en scène, etc.


Ensuite vient le vif du sujet, le shooting et après la sélection, le développement et la retouche des photographies.


Photographe de restaurant gastronomique
© Victor Bellot

Le développement ? Tu travailles en argentique ?!


(Rires) Non, c’est vrai que ça peut porter à confusion, mais quand on parle de développement, il s’agit en fait de faire apparaître une image construite. Le fichier brut de l’appareil est le plus plat possible, pour permettre aux photographes de le travailler. Un fichier Raw est terne et sans âme, il est peu saturé et peu contrasté. Il n’a aucune qualité et ce sont les choix que l’on fait en termes de modifications qui vont créer une ambiance, un style et donc une photographie.


La retouche quant à elle est une modification ponctuelle de l’image pour enlever des défauts ou faire apparaître des détails particuliers.


Tu penses que c’est tout ce processus de travail qui démarque les photographes culinaires des blogueurs/influenceurs ?


D’une certaine manière, il y a plusieurs éléments qui nous distinguent. Déjà je ne fais pas de publicité pour les restaurants avec lesquels je travaille contrairement aux blogueurs, mon travail c’est d’apporter du contenu de qualité aux restaurateurs pour qu’ils puissent organiser leurs propres communications. Donc mon nombre d’abonnés sur Instagram et le trafic sur mon site internet n’importe pas du tout.


Et ce qui fait aussi évidemment la différence, c’est l’accompagnement et la précision que je propose aux clients. Ça veut dire, construire un projet avec lui, lui donner le choix, lui permettre de sélectionner ses images préférées, calibrer les photographies avec du matériel homologué et apporter un niveau de retouche qui puisse effacer les détails qui sautent aux yeux en photo, mais qui sont presque invisibles à l’œil nu quand on a le plat ou la pâtisserie devant soi.


Merci à Victor Bellot d’avoir pris le temps de nous expliquer son métier (interview réalisée en 2019)

Pour plus d’information sur son travail de photographe culinaire à paris, vous pouvez visiter son site : www.victorbellot.com

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